Humanités Littérature Philosophie

< Retour à la liste

E/ Témoignage et requête (1)

E/ p.164-165 : témoignage et requête contre les atrocités subies par les Indiens (1)
Bartolomé de Las Casas, Très Brève Relation de la destruction des Indes (1552)
texte écho : Jean-Claude Carrière, La Controverse de Valladolid (1992)
élèves : Anna et Aucéanne

A- TEXTE 1: Une requête impérieuse, Las Casas

  • I. L'auteur

Bartolomé de Las Casas est un prêtre missionaire dominicain de nationnalité espagnole appartenant aux XV et XVIè siècles (1474-1566). Il est connu en tant qu"écrivain et historien. Il est rendu célèbre par ses missions évangélistes qui le menent en Amérique où il défend les droits des Amérindiens contre les colons espagnols et leurs pratiques. Son oeuvre, la Très Brève Relation de la destruction des Indes, parue en 1552, relate les effets néfastes de la colonisation des Amériques et la mise en esclavage des peuples indigènes qui y vivent. C'est un réquisitoire adressé au futur roi d'Espagne de l'époque à qui il reproche son impassivité face aux cruautés perpétrées sur les Indiens d'Amérique. C'est un témoignage du génocide indien qui a provoqué de nombreuses polémiques au  fil des siècles. 

  • II. Le contexte historique

L'auteur réalise cette oeuvre quelques années après la découverte de l'Amérique par Cristophe Colon, alors que les européeens sont de plus en plus nombreux à partir vers le nouveau continent, convoitant les richesses qu'une terre nouvelle peuvent apporter. Nous nous trouvons donc en plein milieu de la période du génocide des Amérindiens. 

  • III. Mots clés

- "désir irrationel et téméraire" (l5) ;
- "tuant un milliard de personnes" (l7) ;
- "voler des trésors incomparables" (l8) ;
- " violer la loi naturelle et divine" (l10) ;
- "très graves péchés mortels” (l11) ;
- "très longue histoire de ravages et de ruines" (l11-12) ;
- "monstruosité de l’injustice "(l17) ;
- "la cupidité et l’ambition "(l18) ;
- "entreprises aussi nuisibles et aussi détestables"(l20-21).
 

  • IV. Résumé du texte

Ce texte extrait de la Très Brève Relation de la Destruction des Indes en est le prologue. Celui-ci est construit sous la forme d’un réquisitoire destiné à Philippe II, le futur roi d’Espagne au moment de l’écriture. L’auteur y accuse indirectement le roi et son fils de ne rien faire pour stopper le génocide qui est en train de se dérouler en Amérique. Il certifie écrire à titre d’information pour de dauphin royal, mais il l’accuse en fait de passivité face aux atrocités commises par les colons espagnols, dont il est responsable.


B- TEXTE 2: Un argument inhumain, Carrière

  • I. L'auteur

Jean-Claude Carrière, né le 17 septembre 1931, est un écrivain, auteur de romans, poèmes ou essais, il collabore aussi à des adaptations littéraires pour le cinéma ou le théâtre, notamment auprès de Luis Buñuel ou Jacques Tati. La Controverse deValladollid est une interprétation romancée du débat épistolaire qui a eu lieu entre Las Casas et Sepúlveda.

  • II. Le contexte historique

À la demande de Charles Quint, une controverse  religieuse est organisée à Valladolid entre 1550 et 1551 pour savoir si les Indiens doivent être convertis par la contrainte. Le débat confronte Las Casas au frère Juan Ginés de Sepúlveda. Ce dernier est partisan du droit à la conquête et à l’usage de la force. Las Casas défend la cause des Indiens. L’empereur décide de sévir mais les colons protégés par l’éloignement contourneront ses demandes.

  • III. Mots clés

"créatures reconnues par Dieu" (l1-2);
"la main de Dieu" (l5-6);
"le travail de Dieu" (l7);
"punition divine" (l11);
"cruauté humaine" (l12);
"L'histoire des hommes est menée par Dieu" (l19-20);
"ces créatures à l'apparence humaine" (l21);
"du peuple de Dieu" (l22);
"la vision universelle" (l23);
"ces sauvages" (l24-25)

  • IV. Résumé du texte

Ce texte est extrait de La Controverse de Valladolid. Il s'agit d'une réponse formulé par Sepúlveda à l'encontre d'un argument de Las Casas. Dans ce passage, Sepúlveda nous offre sa vision sur les Indiens. Il les définit comme "créatures à l'apparence humaine" et de "sauvages". En effet, selon lui, si un empire fort de vingt millions d'habitants se soumet face à trois cents espagnols, cela vient de la main de Dieu. Tout au long de sa réponse Sepúlveda affirme que Dieu est derrière cette punition, qu'assujettir les Indiens est évident car leur soumission et obéissance prouvent qu'ils ne sont pas humains. Comme leur culture ne correspond pas à celle des occidentaux et à celle de la "vision universelle" comme dit l'interlocuteur alors ils ne sont pas humains. C'est la raison pour laquelle Sepúlveda ne reconnaît pas l'humanité des Indiens.

C- Ecriture d'appropriation

  • I. Aucéanne


  • II. Anna

  • Deux jours. Cela faisait maintenant deux jours qu’ils m’avaient attachée à ce poteau en plein soleil. Deux jours que la chaleur me grillait la peau. Je sentais la corde m’enserrer les poignets et le cou et mes membres peinaient à rester dans cette position inconfortable.
  • Je me souviens de mon premier jour de chasse. Mon père m’avait emmenée avec lui. Nous étions restés des heures sans bouger dans les taillis. Les herbes sèches abimaient nos peaux brunes. La veille j’avais reçu mes premières couleurs sur les joues, marques qui m’emplissaient de fierté. Ainsi couchée parmi les bêtes que nous étudions très consciencieusement, je me sentais invincible et triomphante. Père disait que nous devions nous incliner devant la Nature car elle en savait bien plus que nous. Il fallait respecter la bête avant de la tuer, lui ressembler, l’observer. Et bondir sans hésiter.
  • Aujourd’hui j’étais devenue la bête.
  • Je fis glisser ma langue contre l’émail de mes dents, la bouche pâteuse. Je n’avais rien à dire, je ne savais rien de l’embuscade des trois grottes survenue la veille. 
  • L’un d’entre eux passa devant moi en laissant échapper un léger rire grinçant. Ils ne pouvaient pas être comme nous, aucun des nôtres n’aurait tourmenté une bête ainsi avant de la tuer. Et je savais qu’ils allaient le faire. J’assistais à ma mise à mort lente et douloureuse. Ce n’était pas le fait de mourir qui me dérangeait, mais plutôt cette sensation qui me disait que ma mort serait contre la volonté de la Nature. Je voulais chasser cela de ma tête, je priais le ciel d’accueillir mon âme lorsque la fumée s’élèverait dans la nuit. Je priais la terre pour accepter mon corps en son sein. J’avais bien vécu. J’avais toujours fait ce qu’il me chantait de faire, quitte à apprendre à chasser même si ce n’était pas le rôle d’une femme.
  • Mes parents m’avaient appelée Aigle des Nuages. La nuit leur avait révélé que j’avancerai mieux seule qu’avec  les autres. Ils avaient accepté chacune de mes décisions et m’avaient aimée plus que n’importe quel être vivant. Mon promis aussi me regretterait. J’espérais qu’il contiendrait sa peine lorsque la tribu allumerait le feu ce soir. Il fallait danser et chanter pour que l’âme du défunt quitte son corps en paix.
  • Etait-ce vraiment la Nature qui m’envoyait un signe, ou ne voulais-je pas renoncer à la vie ?
  • Peu importait ce que je pensais à cet instant car j’étais persuadée que je ne tiendrai pas la nuit. J’espérais que la Nature ne me tienne pas rigueur de mon égoïsme. La vie nous est offerte, on doit la rendre un jour, c’était ainsi.




Créé par AGATHE ADDED RIVALS | Dernière contribution le 18 mai 2020 à 15:27