Journal culturel

Rencontre avec un écrivain Prix Jeune Mousquetaire du premier roman 2012

Par MARIELLE AGOSTINI, publié le mardi 4 février 2014 20:03 - Mis à jour le mardi 4 février 2014 20:03

La sélection du prix du Jeune Mousquetaire
disponible au CDI

  • le site officiel ici
  • délibération jury 1°L: le 10 mai

Allée 7, rangée 38 / Sophie Schulze / [Paris] : L. Scheer - impr. 2011

Résumé : Allemagne, début du XXe siècle. Franziska donne naissance à Walter. Exilé en France, Walter sera légionnaire, puis mineur, il se mariera, aura des enfants, vieillira, mourra....

Amalia Albanesi / Sylvie Tanette / Mercure de France - impr. 2011

Résumé : Au début du XXe siècle, Amalia a passé toute son enfance dans les collines ensoleillées des Pouilles en Italie. Elle rencontre un jour Stepan, le beau marin qui vient de Turquie. Il a traversé la Mer Noire à la nage, dit-il...

La maison Matchaiev / Stanislas Wails / Paris : S. Safran - impr. 2011

Résumé : La maison familiale de Bourgogne constituant l'héritage de Sergueï Matchaiev est également pour ses enfants, devenus adultes, le dernier témoin de leur histoire familiale mouvementée, à l'image des romans russes que leur lisait leur père. Vont-ils la garder ou la vendre ?

La zonzon / Alain Guyard / Paris : le Dilettante - impr. 2011

Résumé : Lazare Vilain, professeur de philosophie, doit enseigner sa discipline en prison, histoire de modérer les ardeur des prisonniers et de leur ouvrir des horizons transcendantaux...

Ma petite Française / Bernard Thomasson / Paris : Ed. du Seuil - DL 2011

Résumé : Hélène, la "petite Française" a séjourné à Berlin dans les années 1970. Elle y avait beaucoup d'amis des milieux les plus divers. Installée aux Etats-Unis, elle est invitée en 2009 pour fêter les 20 ans de la chute du Mur. Elle rencontre un journaliste, David, à la recherche de sa famille juive victime du nazisme. Hélène, quant à elle, a vécu un drame durant son séjour d'adolescente.

Commentaires des élèves 1°L

 Notes prises sur la rencontre avec Lydie Salvayre

 

 

Le Mardi 22 Novembre , une partie de la classe des premières L va rencontrer Lydie Salvayre dans la ville de Nogaro, à l'occasion de la première réunion du jury lycéen pour le Prix Jeune mousquetaire (prix de 1000 euros récompensant un des cinq premiers romans choisi par cinq classes de lycéen du Gers.) Le vote aura lieu le 11 mai ainsi que la désignation du gagnant en présence de tous les participants, de Lydie Salvayre et du gagnant de l'année précédente. Ndlr) la présidente nous parle de son dernier roman Hymne . Interview d'une écrivain à la fois touchante et généreuse .

Elève

 

 

En lisant Hymne, j'ai eu la sensation de lire comme un journal intime . Y aurait-il donc une part de confession ou même d'aveu dans votre dernier roman ?

 

Lydie Salvayre

: C'est plus qu’un aveu, c’est une louange ; un équilibre entre ce que je puis dire de moi et la part laissée à Hendrix.. D’ailleurs, j’ai enlevé seize pages de la première version, car elles me concernaient trop.

 

 

 

Jusqu’à présent, j’étais dans l’ironie, le sarcasme, le refus de l’attendrissement élégiaque. Mais une lecture m’a influencée, celle de Deleuze qui écrit : « Nous sommes malades de ne pas savoir admirer. » L’admiration nous élève. Quand on se retourne sur son passé, on se rend compte que peu de choses ont vraiment compté : reconnaître sa dette est alors important , il faut savoir faire l’éloge de ceux qui nous ont marqués.

 

En fait, si Hendrix m’a tant marquée, c’est peut-être parce que de ses « faiblesses », tout comme moi, il a tiré une force : c’était un noir et un Cherokee, gros délits pour la société américaine ! et il était timide ; mais ses failles se sont muées en des forces (et il était audacieux sur scène). Sa mère, métis, alcoolique, l’a abandonné ; il s’accroche à ses désirs et à sa guitare. Et ça, avoir des désirs, c’est une force ! Pourquoi « tout comme moi » ? Parce que je viens d’une famille espagnole ; nous étions en quelque sorte des exilés en France ; j’avais des difficultés pour apprendre le français, et ma mère, qui inventait des néologismes, le « rafraîchissait » en quelque sorte ; cela a aiguisé mon intérêt pour la langue française, pour la langue en général.

E:

Quand avez-vous eu le sentiment d’avoir « fini » votre livre ?

 

 

LS

 

Les livres ne s’achèvent pas par nécessité narrative, mais parce qu’il n’y a plus de désir, comme ils naissent d’un désir profond qui nous tient éveillé pendant plusieurs mois voire plusieurs années. Je déteste « écrire à la fonctionnaire ». D’ailleurs, les livres qui nous emmerdent ont souvent été écrits dans l’ennui.

 

 

E :

Quelle démarche avez-vous suivie pour écrire Hymne ?

L.S. :

J’ai lu toutes les biographies, puis me suis changé les idées pour « oublier », car je voulais écrire une fiction et non une biographie de plus, puis ai confié le manuscrit à un spécialiste de Hendrix pour qu’il corrige les inexactitudes. Il faut savoir que le livre se fait certes avec la documentation, mais aussi avec notre inconscient et avec le temps.

 

 

E :

Au niveau de votre œuvre en général, vous identifiez-vous au personnage principal ?

 

 

LS

 

Pas du tout. Regardez le Nouveau Roman, on n’a pas besoin de personnage, ni même de début de l’histoire, de milieu, de fin : toutes ces données sont des arbitraires. Il existe même des romans sans fin : L’homme sans qualité, de Musil. D’ailleurs Flaubert lui-même le disait : « Conclure est la science des ânes ».

 

 

E :

A propos de roman sans fin, ne peut-on pas dire que Les Belles âmes a été « coupé » ?

 

 

L.S. :

Oui, et d’ailleurs le personnage d’Olympe me manque à la fin, parce qu’on a du mal à quitter les personnages qu’on a construits. Ce roman était l’occasion pour moi, dont le métier de pédopsychiatre m’a fait croiser des gens touchés par la détresse du non-dit, sans doute la pire, d’aller vers ces forces obscures, goût du bonheur mais aussi pulsion de mort, qui rendent l’humain si complexe. C’est sans doute parce qu’elle a le courage d’aller vers l’obscur que la littérature est si belle, si lumineuse.

 

 

Propos recueillis par Valentine Regnaut .

 

 

 

 

 

 

Son regard franc et ses réponses à caractère non censuré ont charmé l’ensemble de la classe. Les sujets abordés, introduits par des élèves et enseignants, son adoration pour Jimmy Hendrix, la part de confession présente dans Hymne, son investissement pour la littérature et la reconnaissance qu’elle pense (avoue) devoir à son entourage sont largement développés et rendus, au détriment peut-être d’une présentation d’elle-même et de sa carrière d’écrivain. »

 

 

 

 

« Lydie Salvayre, la dame aux cheveux flamboyants que l’on admire pour sa franchise et la douceur avec laquelle elle amène à la réflexion a donc enchanté la classe de 1ère L dans sa grande majorité ce mardi 22 novembre dans la salle polyvalente (polyvalente par son aptitude à recevoir une conférence et à subir des travaux pendant ce temps-là) de Nogaro.

 

 

Une rencontre qui a mis des étoiles dans les yeux

 

 

 

Lydie Salvayre nous parle de son Hymne

 

 

«  L’organisation du prix littéraire du « Jeune Mousquetaire du premier roman » nous permet, en ce début d’année, de rencontrer la présidente du jury de cette année : Lydie Salvayre. Cette femme très abordable nous parle d’elle, de sa vie, de ses romans durant deux heures. Née de parents exilés espagnols, elle apprend le français près de Toulouse, dans un village nommé Auterive. Elle nous raconte ses études de lettres tout d’abord, puis de médecine et sa spécialisation en psychologie. C’est seulement entre 1970 et 1980 qu’elle commence à écrire. Son premier roman est publié en 1990. S’ensuivra une quinzaine d’autres, dont La puissance des mouches, les Belles âmes, ou bien encore Portrait d’un écrivain en animal domestique. Son dernier roman en date, Hymne, est sorti courant 2011. Elle en parle avec beaucoup de bonheur, le présentant un peu comme son joyau. Elle y retrace l’histoire de Jimmy Hendrix en partant de ce 18 août 1969 où, à 9 heures il joue, devant la foule épuisée de Woodstock, « The Star Splangled Banner », l’hymne américain. Elle explique le mélange de sang afro-américain et de sang Cherokee qui coulait dans les veines de Jimmy Hendrix et qui, pour elle, faisait de cet homme un musicien virtuose que peu de gens pouvaient comprendre. Pour elle, la musique est « un vertige éphémère ». Cette grande dame de la littérature française nous a emmenés avec elle dans ce qui a été, pour les élèves des quelques lycées présents, une magnifique rencontre. Engagée contre les nouveaux livres numériques, elle nous raconte son amour de l’écriture qui n’est pour elle qu’une passion et non un métier. Cette passion peut se lire dans ses romans que je vous conseille. »

 

Lucie Kalawon, 1L

 

 

 

Elle écrit par envie, mais pas uniquement ; écrire, chez elle, c’est et dénoncer, et partager ; et justifier, et donner.

 

Elle nous raconte les sujets qui lui tiennent à cœur, ces sujets que l’on retrouve dans ses livres. [….] Il n’est pas rare que nous nous retrouvions dans ses mots.

 

(…) «  Nous sommes malades, dit-elle, de ne pas savoir admirer ; nous mourrons de n’avoir pas admiré ». (…)

 

Cette séance ne fut pas qu’une simple rencontre mais une réelle et intéressante leçon de vie. »

 

Louise Grenier, 1L

 

 

 

 

« Lydie Salvayre. Une femme aussi touchante dans sa manière d’écrire que dans sa façon d’être, de parler et de penser. Durant tout le long de la rencontre avec l’écrivain, j’ai été portée par une voix légèrement éraillée, une voix qui en dit long, une voix qui traîne du vécu derrière elle. J’ai trouvé, dans ses paroles, quelque chose de vaguement célinien. En particulier lorsqu’elle a affirmé avec pugnacité qu’il fallait mettre tout son cœur et tout son être dans ce qu’on écrit. J’ai eu l’impression qu’elle laissait paraître des envies de révolte, de bouger les choses, car oui, « les vrais génies n’ont pas le cul bien posé sur leur chaise. » Ca m’a fait sourire. Ca m’a fait penser qu’il était possible de changer les choses en s’armant de son stylo et d’une feuille de papier. Lydie Salvayre m’a persuadée que l’on pouvait vivre, exister et s’affirmer sans rester bloqué sur nos petits problèmes personnels parce qu’il faut savoir transformer nos faiblesses en force. »

 

Une femme touchante, sensible, intéressante, avec un je-ne –sais-quoi capable de faire changer les gens. Dès les premiers mots que j’ai lus d’elle, dès qu’elle a ouvert la bouche, je l’ai aimée. »

 

Valentine Régnaut, 1L

 

« Lydie Salvayre, une personne remplie de douceur et de conviction, nous a mis tout de suite à l’aise par ses explications. Elle doit aimer la vie comme elle aime écrire, elle nous promène et nous enchante dans des univers que toute personne passée par l’adolescence saura reconnaître.

Emilie Portanier, 1L

 

 

 

 

 

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