Journal culturel

Antigone

Par MARIELLE AGOSTINI, publié le mardi 4 février 2014 20:03 - Mis à jour le mardi 4 février 2014 20:03

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Antigone ou les mangeurs d’une étoile …

 


 

 

Le lundi 23 avril les classes de premières du lycée Bossuet allaient en salle Montesquiou assister à une adaptation de la pièce Antigone de Jean Anouilh interprétée par la troupe des « mangeurs d’étoiles » et mis en scène par un certain monsieur Berger ... Retour sur cette mise en scène qui n’a pu laisser indifférent …

 


 

 

Si je devais faire le bilan de cette mise en scène , il serait assez bref : Décor simple , costumes étonnants , comédiens variablement doués et un metteur en scène / comédien qui s’interrompt trois fois . N’oublions pas la séquence bonus à la fin de la pièce : le dialogue entre comédiens et élèves pour parler des sens cachés et sous entendus de l’œuvre de Jean Anouilh … (et de la mise en scène aussi hein , parce qu’il y a aussi dedans un sens caché !) Alors allons y , points par points je vais vous décortiquer la mise en scène du dénommé Berger :

 


 

 

Le décor « simple »

 


 

 

Une scène composée de deux portes rouges à barreaux à cour et à jardin (enfin sur les côtés), au centre une espèce de table en carton rouge et en arrière plan un écran blanc fait avec du tissu entouré d’entrées cachées par le même tissu pour une jolie continuité . Cela laisse un bel espace pour le jeu malgré l’importance que confère la couleur rouge aux éléments du décor , qui sont donc assez envahissant (surtout la petite table si vous voulez mon avis … Surtout qu’elle n’a presque aucune utilité mis à part un petit clin d’œil à la mise en scène de Nicolas Briançon) .

 


 

 

Des costumes « étonnants »

 


 

 

Les costumes que nous avons pu voir au début sont assez courants , la nourrice est en noir , Antigone en robe claire et dénuée d’artifice juste une ceinture aux fils rouges , verts et bleus (Cela me rappelle quelque chose … Ah oui ! La mise en scène de Nicolas Briançon !) , Ismène habillé comme une jeune femme de l’an 2000 et un foulard bleu, Hémon chemise , pantalon en toile , foulard vert et là arrive Créon . Nous pouvons donc voir un monsieur imposant avec un manteau en fourrure noire et des petits gants rouges … En fait cela peut paraître logique : c’est un peu le mac de la pièce (« il me fait penser au parrain » me confiera ensuite un élève de première S) et en plus c’est le metteur en scène . Il a donc de quoi mettre de la fourrure et des gants (rouges ?) .

 


 

 

Des comédiens « variablement doués »

 


 

 

Recommençons l’ordre d’apparition (sans compter le prologue) . Nous avons Antigone , une jeune fille qui a le jeu plutôt juste mais un peu fade (en comparaison avec la mise en scène de Nicolas Briançon , oui encore lui , car l’actrice se montre extrêmement révoltée et , petite anecdote , va même jusqu’à se baver dessus ) . Nous avons ensuite la nourrisse qui n’est pas flambante mais en même temps , ce n’est pas le but de son rôle . Elle est juste comme il faut , peut être en aurait-il fallut un peu plus après tout mais comment demander à un comédien d’être parfait quand le reste ne l’est pas ? Apparaît ensuite Ismène (qui n’est pas blonde !) . A dire vrai je n’ai pas de souvenir particulier du jeu de cette jeune femme , preuve certainement qu’il n’était ni époustouflant , ni mauvais . Et enfin arrive Hémon . Tout le monde s’entend alors pour qualifier son jeu d’exécrable (« On aurait vraiment cru qu’il allait lui sauter dessus ! » commentera d’ailleurs une élève de première L ,  « il faisait vraiment pervers … » commentera une autre ) . Personnellement il m’a bien fait rire avec ses attitudes assez douteuse envers la pauvre Antigone … Mais oui , un jeu assez mauvais (euphémisme) . Créon le suit de près . C’est le metteur en scène qui tient ce rôle et , comme il était venu nous parler avant nous avions entamé un débat avec une amie avant : elle soutenait qu’il allait jouer Créon et personnellement je trouvais qu’il avait plutôt une tête à faire le garde (cela était peut-être dû à sa ressemblance à la boule de Fort Boyart ? Mais en posant la question ensuite en cours , le reste de la classe s’accordait pour dire qu’il avait une tête de garde et que donc il avait le rôle de Créon parce qu’il était le metteur en scène et qu’il s’octroyait le beau rôle) . Mon pari était donc perdu mais pour le meilleur car je donnerai une mention spéciale au garde car vraiment il avait une tête qui me plaisait bien et le jeu allait avec : sympathique , simple : un bon garde , je noterai juste ma déception quand j’ai vu qu’ils ne gardaient pas l’ironie tragique lors de la scène garde - Antigone qui me plaisait tant et qui aurait donné un peu de piment à cette mise en scène …

 


 

 

Le metteur en scène s’interrompt

 


 

 

Parce que le public lycéen est un public difficile (et facilement insupportable en toute honnêteté) il demande lors de ses déplacements de la qualité , mais pas n’importe laquelle , il lui faut du nec plus ultra ! Alors déjà pour en arriver à bout il faut se rendre à l’évidence : c’est un public bavard , qui n’a pas la langue dans sa poche ! Donc au début , cela semblait bien parti : une petite entrée synchro avec un prologue filmé … Ca sentait le travail ! Et puis bon ça s’est essoufflé et là … Quand à la base les petites remarques étaient au « oh ! stylé ! » , elles étaient ensuite à « j’arrive pas à trouver une bonne position pour dormir… » Cruel me direz-vous ? Certes … Mais au moins c’est franc . Néanmoins au bout d’un moment Créon il en a eu mare , et lui qui est sensé canaliser la rébellion est devenu rebelle et s’est arrêté dans sa réplique pour ordonner à son public de se taire parce que sinon il n’arrivait pas à bien jouer ! Bon , alors déjà ça fait un point en moins dans mon estime : pratiquant moi même le théâtre j’ai joué l’année dernière avec un garçon qui est sorti à la fin de son rôle dans un acte désespéré et s’est fait enguirlander par le metteur en scène parce qu’un bon comédien ne sort jamais de son rôle , alors bon pour un professionnel c’est très moyen … Le public essaie donc de redevenir respectueux . Sans succès apparemment : le Créon metteur en scène s’interrompt encore !

 


 

 

Le dialogue acteurs / élèves

 


 

 

S’en suit donc un dialogue entre comédiens (enfin avec le metteur en scène puisque les autres ne peuvent pas en placer une) et élèves … Alors déjà nous est expliqué que les portes à barreaux sont là pour évoquer … La prison ! (Woaw) Et si vous l’avez remarqué , Antigone porte une ceinture de fils avec laquelle elle va se pendre et les couleurs de ces fils correspondent aux couleurs qui caractérisent son fiancé , son oncle et sa sœur ! Elle s’est donc « tuée avec les fils de sa vie ! » (Alma , tu vas un peu loin là …) . Bref : un code de couleur dingue (après j’ai personnellement noté que les éléments de décors sont de la couleur de Créon et que donc cela suggère son appartenance enfin je dis ça je dis rien …) . Ensuite quelques questionnements sur le sens de cette pièce et là quelque chose me dérange dans la participation des élèves … Comme une impression de déjà entendu … Ah ! Mais ne serait-ce pas le cour de français qu’ils sont en train de recracher en se faisant passer pour autodidacte ? Je m’arrêterais donc (enfin) là , et ma conclusion sera brève : au moins , j’aurais révisé mon oral de français !

Valentine Regnaut

 

 

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